Malgré la tourmente, le GARR veille sur les rapatriés

Au cours du mois de février 2019, Haïti a vécu deux semaines de blocage complet sous le label de « pays locked », ce qui signifie « Tout est bloqué ».  Ce mouvement mené par l’opposition visait la démission de l’actuel président, M. Jovenel Moise, et la reddition des comptes sur l’utilisation des Fonds Petrocaribe (ce programme d’achat de carburant du Vénézuela).  Il n’a pas été concluant. 

Dans la foulée, c’est le Premier Ministre fraichement nommé, M. Henry Céant, qui a dû laisser son poste.  Près de deux mois après, il n’est toujours pas remplacé officiellement.  En attendant, le pays se trouve en mode « Pause » pour beaucoup de choses, y compris pour des appuis financiers promis par la communauté internationale, telle que l’Union Européenne (UE) et par le FMI.

Des conditions de vie encore plus difficiles pour le peuple haïtien

Il convient de souligner les conditions de vies précaires dans lesquelles vit un nombre important de la population haïtienne.  Avec la dépréciation de la gourde, monnaie nationale haïtienne par rapport au dollar américain,  le phénomène de l’inflation ne cesse de s’accroitre dans le pays. Actuellement, il faut plus de 90 gourdes pour un dollar américain. Ce qui entraine une augmentation sans cesse croissante des prix des produits de première nécessité dans un pays où plus de 2/3 de la population est au chômage.  Dans cette situation, le pouvoir d’achat de la population diminue considérablement et les conditions de vie des couches les plus défavorisées deviennent de plus en plus difficiles. La misère gagne du terrain et les autorités haïtiennes ne se soucient guère de mettre en place des programmes sociaux en vue de soulager le sort de la population.  

De temps en temps, l’on enregistre des raretés dans l’approvisionnement en carburant sans aucune explication. L’appareil de l’Etat semble être partout paralysé et personne ne semble être responsable de rien.

Notre partenaire à Anse-à-Pitres avance malgré la crise

Le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (le GARR) est le partenaire de Geomoun à la frontière Dominicaine dans le département du Sud-est ou ils travaillent avec les rapatriés qui sont chassés de République Dominicaine. Pour les deux ou trois premiers mois de l’année 2019, un total de 24.206personnes rapatriées a été enregistré. Parmi elles, se trouvent 79 enfants non accompagnés.

En février 2019, Geneviève est allée visiter les projets du GARR à Anse à Pitres, une zone très éloignée et difficile d’accès, particulièrement en ce temps d'émeutes et de barricades sur les routes. Un seul moyen pour y arriver: le bateau.

Geneviève a pu rencontrer les jeunes qui avaient suivi une formation en technique agricole. Tous les témoignages étaient très positifs. Les apprenants étaient tous très satisfaits de la formation et des nouvelles techniques apprises (engrais organique, élevage). Ils ont réalisé qu’ils travaillaient avant de façon archaïque et que la formation les a professionnalisés.

Après la formation, ils ont décidé de se mettre ensemble pour créer l’association des techniciens agricoles pour l’avancement de l’arrondissement de Belle Anse (ATAAAB). Ils organisent une réunion chaque mois, s’entraident, se conseillent… Ils sont en cours de légalisation de l’association, vont faire des demandes de semences pour constituer une banque de semences et voudraient faire un jardin communautaire ou ils travailleraient en coopération. 

 

Visite d'une école et d'un camp à la frontière

Depuis 2015, certaines familles avaient érigé des camps de fortune où elles s’étaient établies. Aujourd'hui, il reste peu de famille dans ces camps, mais certaines y vivent encore dans un grand dénuement. Geneviève a visité le camp du parc K-do ou vivent encore quelques familles. Les conditions de vie y sont tellement catastrophiques. Des particuliers ont décidés de se cotiser pour pouvoir offrir une petite maison décente à une jeunne femme (Guerline), maman de 8 enfants, et vivant dans des conditions inhumaines. Nous les remercions pour leur geste.

Depuis le début du projet, 2017, des résultats importants ont été obtenus. Citons par exemple la scolarisation de 104 enfants (51 fillettes et 53 garçonnets) vulnérables, la formation  professionnelles de 30 jeunes et la réalisation d’actions qui ont porté des acteurs d’Anse-à-Pitres à se solidariser envers des personnes rapatriées qui se trouvent au niveau de cette commune frontalière. Cependant, beaucoup reste encore à faire en vue d’aboutir à une amélioration des conditions de vie des enfants (filles et garçons) les plus vulnérables, mais les moyens sont largement insuffisants pour pouvoir répondre plus adéquatement aux demandes des personnes déplacées qui se retrouvent à Anse-a-Pitres. C’est pourquoi Geomoun avec le Garr ont répondu à deux appels d’offres pour obtenir des financements plus importants pour pouvoir aider plus de familles. On croise les doigts...

 

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